«Regards des photographes arabes contemporains»

Exposition «Regards des photographes arabes contemporains»
au Musée de l’art moderne



L’exposition qui s’inscrit dans le cadre de la manifestation d’«Alger, capitale de la culture arabe 2007» est déclinée en trois thèmes : «Territoires urbains», «Images de soi et images de l’autre» et «Lieux intimes et symboles»

«Regards des photographes arabes contemporains» est l’intitulé d’une exposition de photos qui se tient jusqu’au 28 février prochain au Musée national d’art moderne et contemporain, fraîchement ouvert dans les anciennes Galeries algériennes de la rue Larbi Ben M’hidi réaménagées. L’exposition regroupe les œuvres de 24 photographes arabes, dont des Algériens. Organisée par l’Institut du monde arabe (IMA) de Paris, en collaboration avec l’Office national des droits d’auteur (ONDA), cette exposition, qui s’inscrit dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», est déclinée en trois thèmes : «Territoires urbains», «Images de soi et images de l’autre» et «Lieux intimes et symboles». Les photos exposées sont un véritable voyage dans le monde à travers l’objectif des photographes et où chacun a mis en œuvre son talent et son regard d’artiste. Tantôt c’est le clair-obscur, tantôt c’est le flou artistique qui suggère le sujet, dessine une silhouette vaporeuse, laissant souvent l’observateur perplexe. Certaines images traduisent le mystère et l’austérité, mais en même temps portent une charge de sensibilité et de beauté. D’autres figent le cri de révolte ou la soif de liberté d’hommes et de femmes.
Dès l’entrée du musée, les images s’offrent au regard. Dans la partie «Territoires urbains», on trouve les Libanais Dalia Khamissy, Nadim Asfar, l’Algérienne Nadia Ferroukhi et l’Egyptienne Maha Maamoun dont les œuvres intitulées «Cairoscapes» sont imprimées à l’encre sur du vinyle. Ces images traduisent l’ambiance au Caire. Son compatriote Nabil Boutros évoque, lui, à travers son œuvre intitulée «Empreintes de poésie», la vie traditionnelle dans les villes égyptiennes.
Concernant les photographies de Dalia, on ne peut passer sans jeter un regard curieux et profond sur son œuvre qui a attiré beaucoup de visiteurs. C’est la photo d’Abou Abdallah, un réfugié palestinien, portant un document irakien qui s’était cousu les lèvres et entamé une grève de la faim dans le camp de Ruweishd à 70 km des frontières jordano-irakiennes. Le regard égaré, des points de suture sur les lèvres et la souffrance ont effacé toute vie sur le visage d’Abdallah. Pour le thème «Images de soi et images de l’autre», on retrouve la Marocaine Yasmina Bouziane qui pose un regard sur la femme et son changement. Zakaria Djehiche de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, quant à lui, présente des portraits en clair-obscur. Ces derniers sont accompagnés de lignes manuscrites. Les portraits sont pris de différents angles et illustrent différentes expressions du visage. Quant à l’Irakienne Jananne Al Anni, elle nous plonge dans la perception du corps et la relation observateur-observé. L’artiste présente deux photos (131x191) où s’enchaînent les étapes d’évolution de la femme dans la société arabe. Sur la première image, une belle femme assise. Sur la deuxième, elle expose sa beauté avec fierté. Sur la troisième, elle porte un petit foulard sur ses cheveux. Sur la quatrième, sa chevelure blonde disparaît sous le foulard noir. Concernant la cinquième et dernière étape de sa vie, elle a l’image de l’objet. On ne voit plus que ses yeux clairs. La femme a disparu, elle s’est éclipsée derrière le voile. Ce n’est plus qu’une silhouette engoncée dans une longue robe noire.
La photographe Farida Hamak, Algérienne vivant en France, présente, elle, une série de photos à travers lesquelles elle essaye d’illustrer la dualité de la culture, ou plutôt la rencontre de deux cultures qu’elle porte en elle.

T. L. (La Tribune)