«6000 cercueils préparés à l’avance»
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«6000 cercueils préparés à l’avance»
ACCABLANT TÉMOIGNAGE D’UN SOLDAT FRANÇAIS SUR LES ESSAIS NUCLÉAIRES DE REGGANE
Tel est le témoignage d’un vétéran français présent à Reggane qui affirme que des soldats français et la population de la région ont servi de cobayes humains.
«La Gerboise Bleue», quelle jolie et indécente appellation pour désigner les essais atomiques français «assassins» commis en 1960/61 dans le Sud algérien, dans la localité de Hamoudia (daïra de Reggane). «Nous avons servi de cobayes humains durant les premiers essais atomiques français à Reggane», a indiqué Gaston Morisot, l’un des militaires français, présent sur le site de l’explosion de la première bombe atomique française, le 13 février 1960, près de Reggane.
Ce témoignage accablant et sans appel, d’un «survivant», a été au centre du documentaire La Gerboise Bleue de Djamel Ouahab. Il a été présenté en avant-première dans la soirée de lundi à Paris, en présence de parlementaires français et d’un public nombreux. L’oeuvre évoque les dégâts causés sur les militaires et les populations locales après ces essais.
Un relent de «préméditation» se dégage, si l’on décrypte les témoignages des soldats vétérans qui ont assisté aux essais de La Gerboise Bleue. En effet, comment expliquer que «près de 6000 cercueils ont été entreposés à la base de Reggane pour faire face aux éventuelles pertes en vies humaines qu’occasionnerait cet essai», selon l’un des témoins, ancien militaire français.
Le témoignage «vivant» de Gaston Morisot, qui a accompagné le cinéaste algérien sur les lieux du premier essai, est sans équivoque et sans appel. «Nous étions 18 personnes. On nous a ordonné de rester sur place et de tourner le dos à l’explosion. Nos supérieurs ont pris la fuite bien avant l’explosion. Ils nous ont abandonnés une semaine sur place, avant qu’ils ne fassent leur réapparition», a déclaré le soldat Morisot avant de conclure: «Nous avons servi de cobayes humains.» Lucien Parfait, un autre militaire contaminé, a été chargé de récupérer un compresseur exposé aux radiations sur le site d’In Ecker, dans la région de Tamanrasset. Il est aujourd’hui complètement défiguré. Sous l’oeil de la caméra, il ôte le pansement qui lui couvre une partie du visage devenu celui d’un «monstre».
Un énorme trou à la place de l’oeil gauche à travers lequel on peut voir sa gorge, un nez complètement détruit et d’énormes ecchymoses sur le visage et sur le cou...
Djamel Ouahab s’est également intéressé aux populations autochtones. Il montre ainsi de vieux Adraris (habitants d’Adrar) qui ont perdu la vue à cause de l’intense lumière dégagée par l’explosion et deux fillettes souffrant de malformations congénitales.
Un médecin du secteur sanitaire d’Adrar confirme la «fréquence anormale» de naissances de bébés malformés dans la région. Le réalisateur montre également les dégâts occasionnés à l’environnement de la région.
Tout au long de ce film, Djamel Ouahab, caméra au poing, donne la parole aux deux vétérans français, tantôt à la population d’Adrar, tout en étayant ses argumentaires avec des déclarations d’un médecin, d’un juriste, de membres de l’Association des vétérans victimes des essais nucléaires (Aven). La plus surprenante déclaration reste incontestablement celle du porte-parole du ministère français de la Défense, qui a affirmé que «toutes les dispositions de sécurité ont été prises avant l’essai atomique» qui s’est déroulé selon lui «dans une région inhabitée». Il pousse l’indécence jusqu’à «expliquer» que les essais étaient «sans danger» et qu’il n’y avait «aucun cas de personnes irradiées» et que toute la zone a été «nettoyée»!! «Nous ne voulons pas d’indemnisation mais d’une reconnaissance». «C’est pour notre honneur», a déclaré fièrement Gaston Morisot dans le film. 8000 soldats étaient mobilisés, dont 195 ont été irradiés parmi lesquels 12 sont morts suite à des contaminations. 6500 Français entre chercheurs, ingénieurs, savants...,3500 ouvriers essentiellement algériens, dont la majorité était formée de détenus, étaient également présents.
Cet essai nucléaire, «La Gerboise Bleue», a été suivi de trois autres du même nom. «Blanche» et «Rouge» la même année et «Verte», en avril 1961. Treize autres explosions souterraines ont eu lieu entre le 07/11/1961 et le 16/02/1966 à In Ecker, dans le Hoggar.
En tout, la France a effectué 17 essais nucléaires dans le Sud algérien entre le 13 février 1960 et le 27 janvier 1966.
La sortie de ce film est prévue pour le 12 février prochain en France à la veille du 49e anniversaire du premier essai nucléaire français. Le réalisateur souhaite que son oeuvre suscite un débat et apporte un éclairage sur ces faits classés encore «secret défense.» Le film sera présenté le 24 février prochain à Alger.
L'Expression
Tel est le témoignage d’un vétéran français présent à Reggane qui affirme que des soldats français et la population de la région ont servi de cobayes humains.
«La Gerboise Bleue», quelle jolie et indécente appellation pour désigner les essais atomiques français «assassins» commis en 1960/61 dans le Sud algérien, dans la localité de Hamoudia (daïra de Reggane). «Nous avons servi de cobayes humains durant les premiers essais atomiques français à Reggane», a indiqué Gaston Morisot, l’un des militaires français, présent sur le site de l’explosion de la première bombe atomique française, le 13 février 1960, près de Reggane.
Ce témoignage accablant et sans appel, d’un «survivant», a été au centre du documentaire La Gerboise Bleue de Djamel Ouahab. Il a été présenté en avant-première dans la soirée de lundi à Paris, en présence de parlementaires français et d’un public nombreux. L’oeuvre évoque les dégâts causés sur les militaires et les populations locales après ces essais.
Un relent de «préméditation» se dégage, si l’on décrypte les témoignages des soldats vétérans qui ont assisté aux essais de La Gerboise Bleue. En effet, comment expliquer que «près de 6000 cercueils ont été entreposés à la base de Reggane pour faire face aux éventuelles pertes en vies humaines qu’occasionnerait cet essai», selon l’un des témoins, ancien militaire français.
Le témoignage «vivant» de Gaston Morisot, qui a accompagné le cinéaste algérien sur les lieux du premier essai, est sans équivoque et sans appel. «Nous étions 18 personnes. On nous a ordonné de rester sur place et de tourner le dos à l’explosion. Nos supérieurs ont pris la fuite bien avant l’explosion. Ils nous ont abandonnés une semaine sur place, avant qu’ils ne fassent leur réapparition», a déclaré le soldat Morisot avant de conclure: «Nous avons servi de cobayes humains.» Lucien Parfait, un autre militaire contaminé, a été chargé de récupérer un compresseur exposé aux radiations sur le site d’In Ecker, dans la région de Tamanrasset. Il est aujourd’hui complètement défiguré. Sous l’oeil de la caméra, il ôte le pansement qui lui couvre une partie du visage devenu celui d’un «monstre».
Un énorme trou à la place de l’oeil gauche à travers lequel on peut voir sa gorge, un nez complètement détruit et d’énormes ecchymoses sur le visage et sur le cou...
Djamel Ouahab s’est également intéressé aux populations autochtones. Il montre ainsi de vieux Adraris (habitants d’Adrar) qui ont perdu la vue à cause de l’intense lumière dégagée par l’explosion et deux fillettes souffrant de malformations congénitales.
Un médecin du secteur sanitaire d’Adrar confirme la «fréquence anormale» de naissances de bébés malformés dans la région. Le réalisateur montre également les dégâts occasionnés à l’environnement de la région.
Tout au long de ce film, Djamel Ouahab, caméra au poing, donne la parole aux deux vétérans français, tantôt à la population d’Adrar, tout en étayant ses argumentaires avec des déclarations d’un médecin, d’un juriste, de membres de l’Association des vétérans victimes des essais nucléaires (Aven). La plus surprenante déclaration reste incontestablement celle du porte-parole du ministère français de la Défense, qui a affirmé que «toutes les dispositions de sécurité ont été prises avant l’essai atomique» qui s’est déroulé selon lui «dans une région inhabitée». Il pousse l’indécence jusqu’à «expliquer» que les essais étaient «sans danger» et qu’il n’y avait «aucun cas de personnes irradiées» et que toute la zone a été «nettoyée»!! «Nous ne voulons pas d’indemnisation mais d’une reconnaissance». «C’est pour notre honneur», a déclaré fièrement Gaston Morisot dans le film. 8000 soldats étaient mobilisés, dont 195 ont été irradiés parmi lesquels 12 sont morts suite à des contaminations. 6500 Français entre chercheurs, ingénieurs, savants...,3500 ouvriers essentiellement algériens, dont la majorité était formée de détenus, étaient également présents.
Cet essai nucléaire, «La Gerboise Bleue», a été suivi de trois autres du même nom. «Blanche» et «Rouge» la même année et «Verte», en avril 1961. Treize autres explosions souterraines ont eu lieu entre le 07/11/1961 et le 16/02/1966 à In Ecker, dans le Hoggar.
En tout, la France a effectué 17 essais nucléaires dans le Sud algérien entre le 13 février 1960 et le 27 janvier 1966.
La sortie de ce film est prévue pour le 12 février prochain en France à la veille du 49e anniversaire du premier essai nucléaire français. Le réalisateur souhaite que son oeuvre suscite un débat et apporte un éclairage sur ces faits classés encore «secret défense.» Le film sera présenté le 24 février prochain à Alger.
L'Expression
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